Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/45

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lumières du tems le comportoient, ſi l’édit eût rendu général le commerce de l’Amérique, concentré juſqu’alors dans quelques ports, & s’il eût déchargé les vaiſſeaux de l’obligation de faire leur retour au lieu d’où ils étoient partis. De pareilles gênes limitoient le nombre des matelots, augmentoient le prix de la navigation, empêchoient la ſortie des productions territoriales. Ceux qui gouvernoient alors l’état, devoient voir ces inconvéniens, & ſe propoſoient, ſans doute, de rendre un jour au commerce, la liberté & l’activité qui lui ſont néceſſaires. Vraiſemblablement, ils furent obligés de ſacrifier leurs maximes à l’aigreur des gens d’affaires, qui déſapprouvoient avec éclat, toutes les opérations contraires à leurs intérêts.

Malgré cette foibleſſe, le colon, qui n’avoit réſiſté qu’avec peine aux ſollicitations d’un ſol excellent, y porta tous ſes ſoins dès qu’on le lui permit. Sa proſpérité étonna toutes les nations. Si le gouvernement, à l’arrivée des François dans le Nouveau-Monde, avoit eu, par prévoyance, les lumières qu’il acquit par l’expérience un ſiècle après, l’état auroit joui de bonne-heure d’une culture & d’une