Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/464

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préſerveroient pas l’iſle de l’invaſion & ſeroient bientôt réduites à capituler devant des forces navales, ſupérieures à celles qu’on auroit deſtinées pour les appuyer.

Quand même la Jamaïque pourroit ſe garantir des malheurs d’une invaſion étrangère, elle n’en reſteroit pas moins exposée à des dangers domeſtiques, plus à craindre encore.

XXVI. Dangers qui menacent la Jamaïque dans ſon propre ſein.

Lorſque les Eſpagnols furent obligés d’abandonner la Jamaïque à l’Angleterre, ils y laiſſèrent un aſſez grand nombre de nègres & de mulâtres, qui, las de leur eſclavage, prirent la réſolution de ſauver, dans les montagnes, une liberté que ſembloit leur offrir la fuite de leurs tyrans vaincus. Après avoir établi des réglemens qui devoient aſſurer leur union, ils plantèrent du maïs & du cacao dans les lieux les plus inacceſſibles de leur retraite. Mais l’impoſſibilité de ſubſiſter juſqu’au tems de leur récolte, les força de deſcendre dans la plaine, pour y dérober des vivres. Le conquérant ſouffrit ce pillage d’autant plus impatiemment, qu’il n’avoit rien à perdre, & déclara la guerre la plus vive à ces raviſſeurs. Pluſieurs furent maſſacrés. Le plus grand nombre ſe ſoumit.