Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/465

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Cinquante ou ſoixante ſeulement, trouvèrent encore des rochers, pour y vivre ou mourir libres.

La politique, qui a des yeux & point d’entrailles, vouloit qu’on achevât d’exterminer ou de réduire cette poignée de fugitifs, échappés à la chaîne ou au carnage.

Mais les troupes, qui périſſoient, ou s’épuiſoient de fatigue, ne goûtèrent pas un ſyſtême de deſtruction, qui devoit leur coûter encore du ſang. On y renonça, dans la crainte de les ſoulever. Cette condeſcendance eut des ſuites funeſtes. Les eſclaves que l’horreur du travail ou la peur des châtimens, jetoit dans le déſeſpoir, ne tardèrent pas à chercher un aſyle dans les bois, où ils étoient sûrs de trouver des compagnons prêts à les aſſiſter. Le nombre des fugitifs augmenta tous les jours. On les vit bientôt déſerter par eſſaims, après avoir maſſacré leurs maîtres, & dépouillé les habitations, qu’ils livroient aux flammes. Inutilement on employoit contre eux des partiſans actifs, auxquels on aſſura 900 livres pour chaque noir maſſacré, dont ils préſenteroient la tête. Cette rigueur ne changea