Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/476

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De ce péril on tombe dans les écueils de la Floride, où les vents & les courans portent avec une extrême violence. L’Elifabet, vaiſſeau de guerre Anglois, alloit infailliblement y périr en 1746, lorſqu’il aima mieux entrer dans la Havane. C’étoit un port ennemi ; c’étoit dans le feu de la guerre. « Je viens, dit le capitaine Edward au gouverneur de la place, je viens vous livrer mon navire, mes matelots, mes ſoldats & moi-même ; je ne vous demande que la vie pour mon équipage. Je ne commettrai point, dit le commandant Eſpagnol, une action déſhonorante. Si nous vous avions pris dans le combat, en pleine mer, ou ſur nos côtes, votre vaiſſeau ſeroit à nous, & vous ſeriez nos priſonniers. Mais battus par la tempête, & pouſſés dans ce port par la crainte du naufrage, j’oublie & je dois oublier que ma nation eſt en guerre avec la vôtre. Vous êtes des hommes, & nous le ſommes auſſi. Vous êtes malheureux, nous vous devons de la pitié. Déchargez donc avec aſſurance, & radoubez votre vaiſſeau. Trafiquez, s’il le faut, dans ce port, pour les frais que vous devez payer.