Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/492

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trente-cinq ou trente-ſix millions de livres. À cette imprudence ſuccéda une autre imprudence. Les nouveaux propriétaires, aveuglés ſans doute par l’orgueil national, ſubſtituèrent de nouvelles méthodes à celles de leurs prédéceſſeurs. Ils voulurent changer la manière de vivre des eſclaves. Par leur ignorance même attachés plus fortement à leurs habitudes que le commun des hommes, les nègres ſe révoltèrent. Il fallut faire marcher des troupes, & verſer du ſang. Toute la colonie ſe remplit de ſoupçons. Des maîtres, qui s’étoient jetés dans la néceſſité de la violence, craignirent d’être brûlés ou aſſaſſinés dans leurs habitations. Les travaux languirent, furent même interrompus. Le calme ſe rétablit enfin : mais un nouvel orage le ſuivit de près.

Sur toute l’étendue de l’empire Britannique, les ſectateurs du culte romain ſont rigoureuſement privés de la moindre influence dans les réſolutions publiques. En établiſſant le gouvernement Anglois, à la Grenade, le miniſtère crut devoir s’écarter des principes généralement reçus ; & il voulut que les anciens habitans, quelle que fût leur religion,