Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/491

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aimée de ſes maîtres ; cette prodigalité qui moiſſonne quand il faudrait ſemer ; qui détruit d’une main le paſſé, de l’autre l’avenir ; qui sèche & dévore le fond des richeſſes par l’anticipation des revenus ; ce déſordre qui réſulte des beſoins où le défaut de principes & d’expérience ne manque jamais de réduire un état qui n’a que des forces ſans vues & des moyens ſans conduite ; l’anarchie qui règne au timon des affaires ; la précipitation, la brigue ſubalterne, le vice ou le manque de projets ; d’un côté, la hardieſſe de tout faire impunément, & de l’autre, la crainte de parler, même pour le bien public : ce concours de maux qui s’entraînent de loin, fit paſſer la Grenade au pouvoir de la Grande-Bretagne qui fut maintenue dans ſa conquête par le traité de 1763.

XXXI. Événemens arrivés dans la Grenade depuis qu’elle eſt tombée ſous la domination Britannique.

Les Anglois n’y débutèrent pas heureuſement. Un grand nombre d’entre eux voulurent avoir des plantations dans une iſle dont on s’étoit fait d’avance la plus haute idée ; & dans leur enthouſiaſme, ils les achetèrent beaucoup au-deſſus de leur valeur réelle. Cette fureur qui expulſa d’anciens colons habitués au climat, fit ſortir de la métropole