Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/499

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merce avantageux : ils n’ont pas beſoin de s’expatrier pour faire leur fortune. Une heureuſe tolérance, achetée, comme la liberté, par des fleuves de ſang, y laiſſe enfin reſpirer les conſciences : jamais des ſcrupules de religion n’y réduiſent les âmes timorées, à ſe bannir du ſol où le ciel les fît naître. La patrie pourvoit avec tant de ſageſſe & d’humanité à la ſubſiſtance & à l’occupation des pauvres, que le déſeſpoir ne contraint point d’aller défricher une terre accoutumée à dévorer ſes premiers cultivateurs. Tabago n’eut donc jamais plus de douze cens hommes occupés à cultiver un peu de tabac, un peu de coton, un peu d’indigo, & à exploiter ſix ſucreries.

La colonie étoit bornée à cet eſſor d’induſtrie, quand elle fut attaquée par la nation même qui l’avoit rétablie dans ſes droits primitifs de poſſeſſion & de propriété. Au mois de février 1677, une flotte Françoiſe deſtinée à s’emparer de Tabago, rencontra la flotte Hollandoiſe qui devoit s’oppoſer à cette invaſion. Le combat s’engagea dans une des rades de l’iſle, qui devint fameuſe par cette action mémorable, dans un ſiècle fécond en