Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/512

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ration ſuivante parut un peuple nouveau. Les Caraïbes au front applati, tous à-peu-près du même âge, grands, bien faits, vigoureux & farouches, vinrent ſur les côtes, planter des cabanes.

Dès qu’ils ſurent le prix que les Européens mettoient à la terre qu’ils habitoient, ils prétendirent y participer comme les autres inſulaires. On appaiſa d’abord ce premier inſtinct de cupidité, par des préſens d’eau-de-vie & de quelques ſabres. Mais peu contens de ces armes, ils demandèrent bientôt des fuſils, comme en avoient reçu les Caraïbes rouges. Alors ils voulurent avoir leur part à la valeur de tout le terrein qui ſe vendroit à l’avenir, au produit des ventes qu’on avoit déjà faites. Irrités de ce qu’on leur refuſoit de les aſſocier à ce partage fraternel, ils formèrent une tribu séparée, jurèrent de ne plus s’allier avec les Caraïbes rouges, ſe donnèrent un chef, & commencèrent la guerre.

Le nombre des combattans pouvoit être égal de part & d’autre : mais la force ne l’étoit pas. Les Caraïbes noirs eurent ſur les rouges tout l’aſcendant que l’induſtrie, la valeur & l’audace, prennent bientôt ſur la foibleſſe de