Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/513

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tempérament & la timidité de caractère. Cependant l’eſprit d’équité, qui n’abandonne guère l’homme ſauvage, fit conſentir le vainqueur à partager avec le vaincu le territoire de l’iſle ſitué ſous le vent. C’étoit le ſeul dont les deux partis fuſſent jaloux, parce qu’il leur attiroit les préſens des François.

Le Caraïbe noir ne gagna rien à l’accord qu’il avoit dicté lui-même. Les nouveaux cultivateurs qui débarquoient dans l’iſle alloient tous s’établir dans le quartier de ſon rival, où la côte étoit plus acceſſible. Cette préférence ranima une haine mal éteinte. Les combats recommencèrent. Les rouges, toujours battus, ſe retirèrent au vent de l’iſle. Pluſieurs allèrent ſur leurs canots deſcendre en terre-ferme, ou ſe réfugier à Tabago. Le peu qui reſta vécut séparé des noirs.

Ceux-ci, conquérans & maîtres de toute la côte ſous le vent, exigèrent des Européens qu’ils achetâſſent de nouveau les terres qu’ils avoient déjà payées. Un François voulut montrer un contrat d’acquiſition paſſé avec un Caraïbe rouge. Je ne ſais point, lui dit un Caraïbe noir, ce que dit ton papier, mais lis ce qui eſt écrit ſur ma flèche. Tu dois y voir en