XLV. État actuel de iſles Angloiſes.
Aux Indes Occidentales, les iſles Britanniques ſont en général plus étendues que fertiles. Des montagnes, qu’on ne ſauroit cultiver, occupent beaucoup d’eſpace dans quelques-unes, & d’autres ſont formées en tout ou en partie, d’une craie très-peu productive. Les meilleures ſont défrichées depuis long-tems, & ont beſoin du ſecours des engrais imparfaits & rares dans cette partie du Nouveau-Monde. Preſque toutes ont été dépouillées des forêts qui les couvroient originairement, & ſe trouvent exposées à des séchereſſes qui ruinent ſouvent les travaux entrepris avec le plus d’attention & de dépenſe.
Auſſi l’augmentation des denrées n’a-t-elle pas proportionnellement ſuivi la multiplication des bras employés pour les obtenir. Il y a de nos jours, dans ces colonies, près de quatre cens mille eſclaves dont les ſueurs forment à peine les deux tiers du revenu qu’avec les mêmes moyens on obtient ſur un ſol plus riche.
Le nombre des blancs a diminué aſſez généralement, à meſure que celui des nous augmentoit. Ce n’eſt pas qu’il n’y eût, pour