Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/552

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quand elle eut ſous ſa main les tréſors de l’Orient. La guerre ſembla s’aſſoupir un moment en Europe, pour aller envahir le Nouveau-Monde ; & ne s’eſt depuis ſi ſouvent réveillée, que pour en partager les dépouilles. La pauvreté, qui ſera toujours le partage du grand nombre des hommes, & le choix du petit nombre de ſages, ne fait pas de bruit ſur la terre. Les annales de l’univers ne peuvent donc s’entretenir que de maſſacres ou de richeſſes.

Les iſles de l’autre hémiſphère, donnent annuellement quinze millions à l’Eſpagne ; huit au Danemarck ; trente à la Hollande ; quatre-vingt-deux à l’Angleterre ; cent vingt-ſix à la France. C’eſt donc environ deux cens ſoixante-un millions, que ſont vendues dans notre continent les productions recueillies dans des champs, qui étoient entièrement incultes il n’y a pas trois ſiècles.

Ce n’eſt pas un don que le Nouveau-Monde fait à l’ancien. Les peuples qui reçoivent ce fruit important du travail de leurs ſujets, établis en Amérique, livrent en échange, mais avec un avantage marqué, ce que leur ſol & leurs ateliers fourniſſent.