Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/559

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ſi petit nombre ? quand ils pourroient empêcher une invaſion, le voudroient-ils ?

Tous les colons ont pour maxime, qu’il faut regarder leurs iſles, comme ces grandes villes de l’Europe, qui, ouvertes au premier occupant, changent de domination ſans attaque, ſans ſiège, & preſque ſans s’apercevoir de la guerre. Le plus fort eſt leur maître. Vive le vainqueur, diſent leurs habitans, à l’exemple des Italiens, paſſant & repaſſant d’un joug à l’autre, dans une ſeule campagne. Qu’à la paix la cité rentre ſous ſes premières loix, ou reſte ſous la main qui l’a conquiſe, elle n’a rien perdu de ſa ſplendeur ; tandis que les places revêtues de remparts & difficiles à prendre, ſont toujours dépeuplées & réduites en un monceau de ruines. Auſſi n’y a-t-il peut-être pas un habitant dans l’archipel Américain, qui ne regarde comme un préjugé deſtructeur, l’audace d’expoſer ſa fortune pour ſa patrie. Qu’importe à ce calculateur avide, de quel peuple il reçoive la loi, pourvu que ſes récoltes reſtent ſur pied. C’eſt pour s’enrichir qu’il a paſſé les mers. S’il conſerve ſes tréſors, il a rempli ſon but. La métropole qui l’abandonne, ſouvent après l’avoir tyran-