Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/560

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nisé ; qui le cédera, le vendra peut-être à la paix, mérite-t-elle le ſacrifice de ſa vie ? Sans doute il eſt beau de mourir pour la patrie. Mais un état où la proſpérité de la nation eſt ſacrifiée à la forme du gouvernement ; où l’art de tromper les hommes, eſt l’art de façonner des ſujets ; où l’on veut des eſclaves & non des citoyens ; où l’on fait la guerre & la paix, ſans conſulter, ni l’opinion, ni le vœu du public ; où les mauvais deſſeins ont toujours des appuis dans les intrigues de la débauche, dans les pratiques du monopole ; où les bons projets ne ſont reçus qu’avec des moyens & des entraves qui les font avorter : eſt-ce là la patrie à qui l’on doit ſon ſang ?

Les fortifications élevées pour la défenſe des colonies, ne les mettront pas plus à couvert que le bras des colons. Fuſſent-elles meilleures, mieux gardées, mieux pourvues qu’elles ne l’ont jamais été ; il faudra toujours finir par ſe rendre, à moins qu’on ne ſoit ſecouru. Quand la réſiſtance des aſſiégés dureroit au-delà de ſix mois, elle ne rebuteroit pas l’aſſaillant, qui, libre de ſe procurer des rafraîchiſſemens par mer & par terre, ſoutiendra mieux l’intempérie du