Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/56

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mités, & les fautes qui les avoient amenées. L’eſpérance d’une meilleure fortune pouvoit amuſer ſon oiſiveté, tromper ſa malignité ; & l’on détourna ſes regards des colonies qu’elle avoit perdues, vers la Guyane, qui devoit, diſoit-on, réparer tant de défaſtres.

Ce n’étoit pas l’opinion des citoyens qui paroiſſoient les mieux inſtruits de la ſituation des choſes. Un établiſſement formé depuis un ſiècle & demi & à une époque où les eſprits étoient violemment pouſſés aux grandes entrepriſes : un établiſſement dont les diſcordes civiles ni les guerres étrangères n’avoient pas ruiné les travaux : un établiſſement que des adminiſtrateurs ſages avoient régi avec déſintéreſſement & application : un établiſſement auquel les bienfaits du gouvernement & les ſecours du commerce n’avoient jamais manqué : un établiſſement où le débouché des productions avoit été toujours aſſuré : cette colonie n’étoit rien. On n’y avoit jamais vu de plantation floriſſante. Aucune fortune ne s’y étoit élevée. La misère & l’obſcurité avoient été opiniâtrement ſon partage aux mêmes époques où les autres poſſeſſions Françoiſes de l’Amérique éton-