Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/76

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ſeroit du moins une grande reſſource que la Guyane, où l’on cultiveroit toutes les productions dont l’habitude a donné le beſoin, & pour leſquelles il faudroit payer un énorme tribut à l’étranger, ſi les colonies nationales ne pouvoient les fournir.

Le deſſèchement des côtes de la Guyane exigeroit des travaux longs & difficiles. Où prendre les bras néceſſaires pour l’exécution de cette entrepriſe ?

X. Quels bras pourra-t-on deſtiner aux cultures dont la Guyane eſt ſuſceptible ?

On crut en 1763 que les Européens y ſeroient très-propres. Douze mille furent la victime de cette opinion. La mort n’épargna qu’une ſoixantaine de familles Allemandes ou Acadiennes. Elles s’établirent ſur le Sinamary qui leur offroit des bords qui ne ſont jamais inondés par la mer, quelques prairies naturelles, & une grande abondance de tortues. Cette foible peuplade augmente & vit heureuſe le long de ce fleuve. La pêche, la chaſſe, l’éducation des troupeaux, la culture d’un peu de riz & de maïs : telles ſont ſes reſſources. Quelques ſpéculatifs ont voulu conclure de cet exemple que les blancs pourroient cultiver la Guyane : mais ils n’ont pas fait réflexion qu’on ne fondoit des colonies