Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/81

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gieront, ils s’attrouperont, ils ſe retrancheront, dit-on, dans de vaſtes forêts, où l’abondance du gibier & du poiſſon rendra leur ſubſiſtance aisée ; où la chaleur du climat leur permettra de ſe paſſer de vêtement ; où les bois propres à faire des arcs & des flèches ne leur manqueront jamais. Cent d’entr’eux avoient pris ce parti, il y a environ trente ans. Les troupes envoyées pour les remettre ſous la chaîne, furent repouſſées. Cet échec faiſoit craindre une défection générale. La colonie entière étoit conſternée. On ne ſavoit à quoi ſe réſoudre, lorſqu’un miſſionnaire part, ſuivi d’un ſeul noir, arrive à l’endroit où s’étoit livré le combat, dreſſe un autel, appelle les déſerteurs par le moyen d’une clochette, leur dit la meſſe, les harangue, & les ramène tous, tous ſans exception, à leurs anciens maîtres. Mais les Jéſuites qui avoient mérité & obtenu la confiance de ces malheureux, ne ſont plus dans la colonie ; & leurs ſucceſſeurs n’ont montré ni la même activité, ni une connoiſſance égale du cœur de l’homme. Cependant, il ne ſeroit peut-être pas impoſſible de prévenir l’évaſion de ces infortunées victimes de