Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

âmes innocentes. Où eſt l’impiété, ſinon dans l’inhumanité de ces inſtitutions ſombres & féroces, qui dénaturent l’homme pour le diviniſer, qui le rendent ſtupide, imbécile & muet comme les bêtes, pour qu’il devienne ſemblable aux anges ? Dieu de la nature, c’eſt à ton tribunal qu’il faut en appeler de toutes les loix, qui violent le plus beau de tes ouvrages, en le condamnant à une ſtérilité que ton exemple déſavoue ! N’es-tu pas eſſentiellement fécond & reproductif, toi qui as tiré l’être du néant & du cahos, toi qui fais ſans ceſſe ſortir & renaître la vie du ſein de la mort même. Qui eſt-ce qui chante le mieux tes louanges, l’être ſolitaire qui trouble le ſilence de la nuit pour te célébrer parmi les tombeaux ; ou le peuple heureux, qui, ſans ſe vanter de l’inſtinct de te connoître, te glorifie dans ſes amours, en perpétuant la ſuite & la merveille de tes créatures vivantes ?

Ce peuple républicain, architecte, induſtrieux, intelligent, prévoyant & ſyſtématique dans ſes plans de police & de ſociété, c’eſt le caſtor dont on vient de tracer les mœurs douces & dignes d’envie. Heureux ſi