cabane étroite, elle les allaite, les ſoigne, les élève au nombre de deux ou trois. Enſuite elle les mène dans ſes promenades, où le beſoin de ſe refaire & de les nourrir lui fait chercher des écreviſſes, du poiſſon, de l’écorce nouvelle, juſqu’à la ſaiſon du travail.
Ainſi vit cette république dans des bourgades, qu’on pourroit comparer de loin à de grandes chartreuſes. Mais elles n’en ont que l’apparence ; & ſi le bonheur habite dans ces deux ſortes de communautés, il faut avouer qu’il ne ſe reſſemble guère à lui-même dans ſes moyens ; puiſque là c’eſt à ſuivre la nature qu’on le fait conſiſter, & qu’ici c’eſt à la contrarier & à la détruire. Mais l’homme, en ſa folie, a cru trouver la ſageſſe. Une foule d’êtres vivent dans une ſorte de ſociété, qui sépare à jamais les deux ſexes. L’un & l’autre, iſolés dans des cellules, où, pour être heureux, ils n’auroient qu’à ſe réunir, conſument les plus beaux jours de leur vie à étouffer & à déteſter le penchant qui les attire à travers les priſons & les portes de fer, que la peur à élevées entre des cœurs tendres & des