Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/136

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ces contrées favorables à ſon eſpèce, le caſtor avoir mis à profit une paix de pluſieurs ſiècles, pour perfectionner l’uſage de ſes facultés. Sous notre hémiſphère, l’homme s’eſt emparé des régions les plus ſaines & les plus fertiles ; il en a chaſſé ou il y a ſubjugué tous les autres animaux. C’eſt grâce à leur petiteſſe, que l’abeille & la fourmi ont dérobé leurs loix & leur gouvernement à la jalouſe & deſtructive domination de ce tyran de la nature vivante. C’eſt ainſi qu’on voit quelques républiques ſans éclat & ſans vigueur, ſe ſoutenir par leur foibleſſe même au milieu des vaſtes monarchies de l’Europe, qui, tôt ou tard, les engloutiront.

Mais les quadrupèdes ſociables ? relégués dans des climats inhabités & contraires à leur multiplication, ſe ſont trouvés partout iſolés, incapables de ſe réunir en communauté, d’étendre leurs connoiſſances ; & l’homme qui les a réduits à cet état précaire, s’applaudit de la dégradation où il les a plongés, pour ſe croire d’une nature ſupérieure, & s’attribuer une intelligence qui forme une barrière éternelle entre ſon eſpèce & toutes les autres,