Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/137

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Les animaux, dit-on, ne perfectionnent rien : leurs opérations ne peuvent donc être que méchaniques, & ne ſuppoſent aucun principe ſemblable à celui qui meut l’homme. Sans examiner en quoi conſiſte la perfection ; ſi l’être le plus civilisé ſe trouve le plus parfait ; ſi ce qu’il gagne en propriété des choſes, il ne le perd pas en propriété de ſa perſonne ; ſi tout ce qu’il ajoute à ſes jouiſſances n’eſt pas retranché de ſa durée : le caſtor qui, parmi nous, eſt errant, ſolitaire, timide, ignorant, ne connoiſſoit-il pas, dans le Canada, le gouvernement civil & domeſtique ; les ſaiſons du travail & du repos ; certaines règles d’architecture ; l’art curieux & ſavant de conſtruire des digues ? Cependant il étoit parvenu à ce degré de perfectibilité, avec des inſtrumens foibles & peu maniables. À peine peut-il voir le travail qu’il fait avec ſa queue. Ses dents, qui lui ſervent à la place de mille outils, ſont circulaires & gênées par les lèvres. L’homme, au contraire, avec une main qui ſe plie à tout & ſe ſoumet à tout, a dans ce ſeul organe du tact, tous les inſtrumens réunis de la force & de l’adreſſe. Mais ne doit-il