Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/145

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Depuis long-tems la France travailloit ſans relâche à élever une échelle de forts, qu’elle croyoit néceſſaire à ſa conſervation, à ſon agrandiſſement dans l’Amérique Septentrionale. Ceux qu’elle avoit conſtruits, ſoit à l’oueſt, ſoit au midi du fleuve Saint-Laurent, pour reſſerrer l’ambition des Anglois, avoient de la grandeur, de la ſolidité. Ceux qu’elle avoit jetés ſur les différens lacs, dans les poſitions importantes, formoient une chaîne qui s’étendoit au Nord juſqu’à mille lieues de Québec : mais ce n’étoient que de misérables paliſſades, deſtinées à contenir les ſauvages, à s’aſſurer de leur alliance & du produit de leurs chaſſes. Il y avoit dans tous une garniſon plus ou moins nombreuſe, à raiſon de l’importance du poſte & des ennemis qui le menaçoient. C’eſt au commandant de chacun de ces forts, qu’on jugea devoir confier le droit excluſif d’acheter & de vendre dans toute l’étendue de ſa domination. Ce privilège s’achetoit : mais comme il étoit toujours une occaſion de gain, ſouvent même d’une fortune conſidérable, il n’étoit accordé qu’aux officiers les plus favorisés. S’il s’en rencontroit parmi eux qui