Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/146

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n’euſſent pas les fonds néceſſaires pour l’exploitation, ils trouvoient aisément des capitaliſtes qui s’aſſocioient à leur entrepriſe.

On prétendoit que loin de contrarier le bien du ſervice, ce ſyſtême lui étoit favorable, parce qu’il mettoit les militaires dans la néceſſité d’avoir des liaiſons plus ſuivies avec les naturels du pays, de mieux éclairer leurs mouvemens, de ne rien négliger pour s’aſſurer de leur amitié. Perſonne ne voyoit ou ne vouloit voir, que cette diſpoſition ne manqueroit pas d’étouffer tout autre ſentiment que celui de l’intérêt, & ſeroit la ſource d’une oppreſſion conſtante.

Cette tyrannie devenue en peu de tems univerſelle, ſe fit ſentir plus fortement à Frontenac, à Niagara, à Toronto. Les fermiers de ces trois forts, abuſant de leur privilège excluſif, eſtimoient ſi peu ce qu’on leur préſentoit, donnoient une ſi grande valeur à ce qu’ils offroient en échange, que les ſauvages perdirent peu-à-peu l’habitude de s’y arrêter. Ils ſe rendoient en foule à Choueguen, ſur le lac Ontario, où les Anglois leur accordoient des conditions plus avantageuſes. On fit craindre à la cour de

France