Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/152

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composé ce qu’on appelle le droit des gens, de la ruſe & de la force.

On s’étoit arrêté ſur le bord d’une petite rivière, où l’on attendoit les munitions & l’artillerie. L’Iroquois, qui paſſoit à la chaſſe tout le loiſir que lui laiſſoit la guerre, imagina de jeter dans la rivière, un peu au-deſſus du camp, toutes les peaux des animaux qu’il écorchoit. Les eaux en furent bientôt infectées. Les Anglois, qui ne ſe défioient pas d’une ſemblable perfidie, continuèrent malheureuſement à puiſer dans cette ſource empeſtée. Il en périt ſubitement un ſi grand nombre, qu’on fut obligé de renoncer à la ſuite des opérations militaires.

Un danger plus grand encore menaça la colonie Françoiſe. Une flotte nombreuſe, deſtinée contre Québec, & qui portoit cinq ou ſix mille hommes de débarquement, entra l’année ſuivante dans le fleuve Saint-Laurent. Elle paroiſſoit sûre de vaincre, ſi elle fût arrivée au terme de ſa deſtination. Mais la préſomption de ſon amiral, & le courroux des élémens, la firent périr dans la route. Ainſi le Canada, tout-à-la-fois délivré de ſes inquiétudes, & du côté de la terre & du