Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/151

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des cinq nations ; & ſes troupes reſtées juſqu’alors dans l’inaction, s’ébranlèrent ſoutenues d’un grand nombre de guerriers ſauvages.

L’armée s’avançoit fièrement vers le centre du Canada, avec l’aſſurance preſque infaillible de le conquérir ; lorſqu’un chef Iroquois, qui n’avoit jamais approuvé la conduite qu’on tenoit, dit ſimplement aux ſiens : que deviendrons-nous, ſi nous réuſſiſſons à chaſſer les François ? Ce peu de mots, prononcés avec un air de myſtère & d’inquiétude, rappela promptement à tous les eſprits leur premier ſyſtême, qui étoit de tenir la balance égale entre les deux peuples étrangers, pour aſſurer l’indépendance de la nation Iroquoiſe. Auſſi-tôt il fut réſolu d’abandonner un parti qu’on avoit pris témérairement contre l’intérêt public : mais comme il paroiſſoit honteux de s’en détacher ouvertement, on crut pouvoir ſuppléer à une défection manifeſte, par une trahiſon ſecrète. Les ſauvages ſans loix, les vertueux Spartiates, les religieux Hébreux, les Grecs & les Romains, éclairés & belliqueux ; tous les peuples brutes ou policés, ont toujours