Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/154

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s’être élevée avec lui par tous les degrés de la gloire & de la grandeur, elle deſcendit & déclina comme lui par tous les périodes de la décadence attachée à l’humanité. L’eſprit de bigoterie, qui étoit entré à la cour avec une prude ambitieuſe, décida du choix des miniſtres, des généraux, des adminiſtrateurs ; & ce choix fut toujours aveugle & malheureux. Les rois qui, comme les autres hommes, s’attachent au ciel quand la terre va leur manquer, ſemblent chercher dans leur vieillerie une nouvelle eſpèce de flatteurs qui les bercent d’eſpérances, au moment où toutes les réalités leur échappent. C’eſt alors que l’hypocriſie, toujours prête à ſurprendre les deux enfances de la vie humaine, réveille dans l’âme des princes les idées qu’elle y avoit ſemées ; & ſous prétexte de les conduire au ſeul bonheur qui peut leur reſter, elle gouverne toutes leurs volontés. Mais comme ce dernier âge eſt un état de foibleſſe, ainſi que le premier, une variation continuelle règne dans le gouvernement. La brigue a plus d’ardeur & de pouvoir que jamais ; l’intrigue eſpère davantage, & le mérite obtient moins ; les talens