Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/155

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ſe retirent, & les ſollicitations de toute eſpèce s’avancent ; les places tombent au haſard, ſur des hommes qui, tous également incapables de les remplir, ont la préſomption de s’en croire dignes ; fondant l’eſtime d’eux-mêmes ſur le mépris qu’ils ont pour les autres. La nation dès-lors perd ſa force avec ſa confiance ; & tout va comme tout eſt mené, ſans deſſein, ſans vigueur, ſans intelligence.

Tirer un peuple de l’état de barbarie, le ſoutenir dans ſa ſplendeur, l’arrêter ſur le penchant de ſa chute, ſont trois opérations difficiles : mais la dernière l’eſt davantage. On ſort de la barbarie, par des élans intermittens ; on ſe ſoutient au ſommet de la proſpérité, par les forces qu’on a acquiſes ; on décline par un affaiſſement général auquel on s’eſt acheminé, par des ſymptômes imperceptibles. Il faut aux nations barbares de longs règnes ; il faut des règnes courts aux nations heureuſes. La longue imbécillité d’un monarque caduc, prépare à ſon ſucceſſeur des maux preſque impoſſibles à réparer.

Telle fut la fin du règne de Louis XIV, Après une ſuite de défaites & d’humiliations,