Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/158

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tous les trônes, pour en diſputer un ſeul, qui, ſous Charles-Quint, les avoit fait tous trembler. Une maiſon, ſouveraine de cinq ou ſix états, avoit donné à la nation Eſpagnole cette grandeur coloſſale qui devoit enchanter ſon imagination. Une maiſon plus puiſſante encore, parce qu’avec un corps moins grand, elle avoit plus de bras, ambitionnoit de commander cette nation ſuperbe. Les noms d’Autriche & de Bourbon, rivaux depuis deux cens ans, faiſoient les derniers efforts pour s’aſſurer une ſupériorité qui ne dût plus être incertaine & balancée entre eux. Il s’agiſſoit de ſavoir lequel ſe glorifieroit de plus de couronnes. L’Europe partagée entre deux maiſons dont les prétentions avoient quelque fondement, vouloit bien qu’elles puſſent étendre leurs branches, mais non que pluſieurs ſceptres fuſſent réunis, comme autrefois, dans une ſeule main. Tout s’arma pour diſperſer ou séparer un vaſte héritage ; & l’on réſolut de le mettre en pièces, plutôt que de l’attacher à une puiſſance qui, avec ce nouveau poids, dût infailliblement détruire l’équilibre de toutes les autres. Une guerre qui fut longue, parce qu’elle étoit