Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/159

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ſoutenue de tous côtés par de grandes forces & de grands talens, par des peuples belliqueux & des généraux ſoldats, déſola tous les pays qu’elle devoit ſecourir, ruina les nations même qui n’y avoient aucun intérêt. La victoire devoit faire la loi : mais ſon inconſtance ne ceſſoit d’irriter le feu de la diſcorde. Les mêmes drapeaux proſpéroient dans un pays, & ſuccomboient dans l’autre. Le parti qui triomphoit ſur mer étoit défait ſur terre. On apprenoit en même tems, & la perte d’une flotte, & le gain d’une bataille. La fortune erroit d’un camp à l’autre, pour les dévorer tous. Enfin, après que les états eurent été épuisés d’or & de ſang ; après douze ans de calamités & de dépenſes, les peuples qui s’étoient éclairés par leurs malheurs & affoiblis par leurs efforts, s’empreſſèrent à réparer leurs pertes. On chercha dans le Nouveau-Monde les moyens de repeupler & de rétablir l’ancien. La France tourna ſes premiers regards vers l’Amérique Septentrionale, où ſembloit l’appeler la conformité du ſol & du climat ; & ce fut l’iſle du cap Breton qui fixa d’abord ſon attention.

I. Pour réparer ſes pertes, la France peuple, fortifie l’Iſle-Royale, & y établit de grandes pêcheries.

Les Anglois regardoient cette poſſeſſion