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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/165

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L’an 1714 vit arriver dans l’iſle les pêcheurs François, fixés juſqu’alors à Terre-Neuve. On eſpéra que leur nombre ſeroit bientôt groſſi par les Acadiens, auxquels les traités avoient aſſuré le droit de s’expatrier, d’emporter leurs effets mobiliers, de vendre même leurs habitations. Cette attente fut trompée. Les Acadiens aimèrent mieux garder leurs poſſeſſions ſous la domination de l’Angleterre, que de les ſacrifier, pour des avantages équivoques, à leur attachement pour la France. La place qu’ils refusèrent d’occuper, fut ſucceſſivement remplie par quelques malheureux, qui arrivoient de tems en tems d’Europe ; & la population fixe de la colonie, s’éleva peu-à-peu au nombre de quatre mille âmes. Elle étoit répartie à Louiſbourg, au fort Dauphin, au port Toulouſe, à Nericka, ſur toutes les côtes où l’on avoit trouvé des grèves pour sécher la morue.

L’agriculture n’occupa jamais les habitans de l’iſle. La terre s’y refuſe. Les grains qu’on a tenté d’y ſemer à pluſieurs repriſes, le plus ſouvent n’ont pu mûrir. Lors même qu’ils ont paru mériter d’être récoltés, ils avoient