Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/164

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Ce ne fut qu’en 1720 qu’on commença à fortifier Louiſbourg. Cette entrepriſe fut exécutée ſur de très-bons plans, avec tous les ouvrages qui rendent une place reſpectable. On laiſſa ſeulement ſans rempart un eſpace d’environ cent toiſes du côté de la mer ; parce qu’on le jugea ſuffiſamment défendu par ſa ſituation. On ſe contenta de le fermer d’un ſimple batardeau. La mer y étoit ſi baſſe, qu’elle formoit une eſpèce de lagune inacceſſible par ſes écueils à toute ſorte de bâtimens. Le feu des baſtions collatéraux achevoit de mettre cette eſtacade à couvert d’une deſcente.

La néceſſité de tranſporter d’Europe les pierres & beaucoup de matériaux néceſſaires pour ces grandes conſtructions, retarda quelquefois les travaux, mais ne les fit pas abandonner. On y dépenſa trente millions. On ne crut pas que ce fut trop pour ſoutenir les pêcheries, pour aſſurer la communication de la France avec le Canada, pour ouvrir un aſyle en tems de guerre, aux vaiſſeaux qui viendroient des iſles méridionales. La nature & la politique vouloient que les richeſſes du midi fuſſent gardées par les forces du nord.