Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/180

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à tout débarquer ſur la côte même où le haſard les a conduits. Après cette opération ; déſeſpérée, les navires s’éloignent ; & il ne reſte ſur ces plages inconnues que cent ſoixante-dix hommes, la plupart très-corrompus, & tous mécontens avec raiſon de leur ſituation. Ils n’ont que peu d’outils, peu de vivres, peu de munitions. Le reſte de ce qui devoit ſervir à la fondation du nouvel état, a été englouti dans les flots par la perfidie ou la mal-adreſſe des officiers de mer y chargés de le mettre à terre.

Cependant l’âme fière & inébranlable de Laſale n’eſt pas abattue par ces revers. Soupçonnant que les rivières qui ſe déchargent dans la baie où l’on eſt entré peuvent être des branches du Miſſiſſipi, il emploie pluſieurs mois à éclaircir ſes doutes. Déſabusé de ces eſpérances, il perd ſa miſſion de vue. Au lieu de chercher parmi les ſauvages des guides qui le conduiroient à ſa deſtination, il veut pénétrer dans l’intérieur des terres, & prendre connoiſſance des fabuleuſes mines de Sainte-Barbe. Cette idée folle l’occupoit uniquement, lorſqu’au commencement de 1687 il eſt maſſacré par quelques-uns