Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/187

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laiſſé aucun monument de ſes entrepriſes ; & cependant il étoit reſté vaguement dans l’opinion des peuples que ces contrées renfermoient des tréſors immenſes. Perſonne ne déſignoit le lieu précis où ces richeſſes pouvoient être : mais cette ignorance même ſervoit d’encouragement à l’exagération. Si l’enthouſiaſme ſe refroidiſſoit par intervalles, ce n’étoit que pour occuper plus vivement les eſprits quelque tems après. Cette diſpoſition générale à une crédulité avide pouvoit devenir un merveilleux inſtrument dans des mains habiles.

Dans les tems malheureux, il en eſt des eſpérances du peuple comme de ſes terreurs, comme de ſes fureurs. Dans ſes fureurs, en un clin-d’œil, les places ſont remplies d’une multitude qui s’agite, qui menace & qui hurle. Le citoyen ſe barricade dans ſa maiſon. Le magiſtrat tremble dans ſon hôtel. Le ſouverain s’inquiète dans ſon palais. La nuit vient ; le tumulte ceſſe & la tranquilité renaît. Dans ſes terreurs, en un clin-d’œil, la conſternation ſe répand d’une ville dans une autre ville, & plonge dans l’abattement toute une nation. Dans ſes