Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/188

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eſpérances, le fantôme du bonheur, non moins rapide, ſe préſente par-tout. Par-tout il relève les eſprits ; & les bruyans tranſports de l’allégreſſe ſuccèdent au morne ſilence de l’infortune. La veille, tout étoit perdu ; le jour ſuivant, tout eſt ſauvé. De toutes les paſſions qui s’allument dans le cœur de l’homme, il n’y en a point dont l’ivreſſe ſoit auſſi violente que celle de l’or. On connoît le pays des belles femmes, & l’on n’eſt point tenté d’y voyager. L’ambition sédentaire s’agite dans une enceinte aſſez étroite. La fureur des conquêtes eſt la maladie d’un ſeul homme qui en entraîne une multitude d’autres à ſa fuite. Mais ſuppoſez tous les peuples de la terre également policés ; & l’avidité de l’or déplacera les habitans de l’un & l’autre hémiſphère. Partis des deux extrémités du diamètre de l’équateur, ils ſe croiſeront ſur la route d’un pôle à l’autre.

Law, auquel ce grand reſſort étoit bien connu, perſuada aisément aux François, la plupart ruinés, que les mines de la Louyfiane, dont on avoit ſi long-tems parlé, étaient enfin trouvées ; qu’elles étoient