Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/208

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que la dernière donneroit par-tout le ſignal de la ſanglante tragédie qu’on vouloit jouer. Il arriva que la femme ou la mère du grand chef, fut inſtruite de la conſpiration, par un fils qu’elle avoit eu d’un François. Elle en avertit, à pluſieurs repriſes, l’officier de cette nation, qui commandoit à ſon voiſinage. L’indifférence ou le mépris qu’on montra pour ſes avis, n’étouffa pas dans ſon cœur l’affection qu’elle avoit pour ces étrangers. Sa dignité l’autoriſoit à entrer dans le temple du ſoleil, aux heures qui lui convenoient. Cette prérogative la mettoit à portée d’enlever ſucceſſivement les bûchettes qu’on y avoit déposées ; & elle s’y détermina pour déranger les calculs de la ligue ; au riſque d’avancer, puiſqu’il le falloit, la perte des François qu’elle aimoit, pour aſſurer le ſalut de ceux qui lui étoient inconnus. Ce qu’elle avoit prévu, ſe vérifia. Au ſignal convenu, les Natchez fondirent inopinément ſur leur ennemi, perſuadés que la même ſcène ſe répétoit chez leurs alliés : mais comme il n’y avoit pas eu ailleurs de perfidie, tout fut tranquille & devoit l’être.

Ces détails paroiſſent bien fabuleux. Mais