Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/207

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cultivateur indigène des champs qu’il avoit défrichés.

Cette tyrannie étoit atroce. Pour en arrêter le cours, les Natchez employèrent, mais ſans ſuccès, les plus humiliantes ſupplications. Dans leur déſeſpoir, ils tentèrent d’aſſocier à leur reſſentiment les peuples de l’Eſt, dont les diſpoſitions leur étoient connues ; & ils réuſſirent à former ſur la fin de 1729, une ligue preſque univerſelle, dont le but étoit d’exterminer en un ſeul jour la race entière de leurs oppreſſeurs. La négociation fut ſi heureuſement conduite que le ſecret n’en fut pénétré ni par les ſauvages amis des François, ni par les François eux-mêmes. Le complot ne pouvoit être déconcerté que par un haſard heureux. Il arriva.

Selon les relations du tems, les Natchez envoyèrent aux nations conjurées, qui ne connoiſſoient pas mieux qu’eux l’art de l’écriture, des paquets composés d’un égal nombre de bûchettes. Pour ne pas ſe méprendre ſur l’époque où la haine commune devoit éclater, on convint d’en brûler une tous les jours dans chaque bourgade, &