Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/21

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gneroit-elle par-tout un élan de l’homme ignorant & peureux vers l’auteur de l’exiſtence & le diſpenſateur des biens & des maux, l’inquiétude d’un enfant qui cherche ſon père dans les ténèbres ?

I. Raiſons qui détournent long-tems les François du projet de former des établiſſemens dans le Nouveau-Monde.

L’Eſpagne étoit maîtreſſe des riches empires du Mexique & du Pérou, de l’or du Nouveau-Monde, & de preſque toute l’Amérique Méridionale. Les Portugais, après une longue ſuite de victoires, de défaites, d’entrepriſes, de fautes, de conquêtes & de pertes, avoient conſervé les plus beaux établiſſemens dans l’Afrique, dans l’Inde & dans le Bréſil. Le gouvernement de France n’avoit pas même pensé qu’on pût fonder des colonies, & qu’il fût de quelque utilité d’avoir des poſſeſſions dans ces régions éloignées.

Toute ſon ambition s’étoit tournée vers l’Italie. D’anciennes prétentions ſur le Milanès & les deux Siciles, avoient entraîné cette puiſſance dans les guerres ruineuſes qui l’avoient long-tems occupée. Des troubles intérieurs la détournoient encore plus des grands objets d’un commerce étendu & éloigné, & de l’idée d’aller chercher des royaumes dans les deux Indes.