Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/22

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L’autorité des rois n’étoit pas formellement conteſtée : mais on lui réſiſtoit, on l’éludoit. Le gouvernement féodal avoit laiſſé des traces ; & pluſieurs de ſes abus ſubſiſtoient encore. Le prince étoit ſans ceſſe occupé à contenir une nobleſſe inquiète & puiſſante. La plupart des provinces qui compoſoient la monarchie, ſe gouvernoient par des loix & des formes différentes. Tous les corps, tous les ordres avoient des privilèges, ou toujours attaqués, ou toujours pouſſés à l’excès. La machine du gouvernement étoit compliquée. Pour la conduire, il falloit manier une multitude de reſſorts délicats. La cour étoit forcée de recourir ſouvent aux moyens honteux de la foibleſſe, à l’intrigue & à la séduction, ou d’employer les armes odieuſes de l’oppreſſion & de la tyrannie ; la nation négocioit ſans ceſſe avec le prince. L’autorité des rois étoit illimitée, ſans être avouée par les loix ; la nation ſouvent trop indépendante, n’avoit aucun garant de ſa liberté. De-là on s’obſervoit, on ſe craignoit, on ſe combattoit ſans ceſſe. Le gouvernement s’occupoit uniquement, non du bien de la