Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/223

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trop conſidérables à la Louyſiane. Elles ſurpaſſèrent ſouvent, même en pleine paix, le produit entier de cet établiſſement. Peut-être les agens du gouvernement auroient-ils été plus circonſpects, ſi les opérations euſſent été faites avec des métaux. La malheureuſe facilité de tout payer avec du papier, qui ne devoit être acquitté que dans la métropole, les rendit généralement prodigues. Pluſieurs même furent infidèles. Pour leur intérêt particulier, ils ordonnèrent la conſtruction de forts qui n’étoient d’aucune utilité, & qui coûtoient vingt fois plus qu’il ne falloit. Ils multiplièrent, ſans motif comme ſans meſure, les préſens annuels que la cour de Verſailles étoit dans l’habitude de faire aux tribus ſauvages.

Les exportations & les importations de la Louyſiane ne ſe faiſoient pas ſur des navires qui lui fuſſent propres. Jamais, elle ne s’aviſa d’en avoir un ſeul. Il lui arrivoit quelquefois de foibles embarcations des ports de France. Quelquefois les iſles à ſucre lui envoyoient de gros bateaux. Mais le plus ſouvent des vaiſſeaux partis de la métropole pour Saint-Domingue dépoſoient