Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/226

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tance favorable, que, tôt ou tard, ils ſauroient bien faire naître.

Lorſque l’impoſture alarmera le ſouverain ſur la fidélité de ſes ſujets, il eſt difficile qu’elle ne ſoit pas attentivement écoutée. Cependant nous oſerons demander ſi Louis XIV fut excuſable, lorſqu’il parut ignorer combien ſes ſujets proteſtans lui étoient utiles ; s’il pouvoit croire sérieuſement qu’ils le ſeroient davantage en devenant catholiques ; & ſi la tolérance d’un maître auſſi puiſſant, auſſi abſolu pouvoit jamais amener aucune de ces fâcheuſes conséquences dont on ne ceſſoit de le menacer. Les proteſtans avoient été séditieux, il eſt vrai : mais persécutés, mais alternativement avec les catholiques le jouet de l’ambition turbulente des grands. Tant de ſang versé ſous les règnes précédens, ne devoit-il pas lui faire craindre d’en verſer encore ? Les événemens paſſés lui apprendre qu’un roi ne peut rien ſur les opinions religieuſes ; que les conſciences ne ſe forcent point ; que la fortune, la vie, les dignités ne ſe comparent point avec les peines éternelles ; & que s’il eſt bon de fermer l’entrée d’un pays