Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de ſang. Les intendans des provinces ſe diſputent de barbarie. Quelques miniſtres oſent prêcher, oſent écrire. Ils ſont ſaiſis & mis à mort. Bientôt le nombre des cachots ne ſuffit plus au nombre des persécutés ; & c’eſt la volonté d’un ſeul qui peut faire tant de malheureux ! Il parle, & les liens civils & moraux ſe briſent ! Il parle, & mille citoyens révérés par leurs vertus, leurs dignités, leurs talens, ſont dévoués à la mort & à l’infamie. Ô peuples ! ô troupeau d’imbéciles & de lâches !

Et toi, tyran aveugle ! parce que tes prêtres n’ont pas l’art perſuaſif qui feroit triompher leurs raiſons ; parce qu’ils ne peuvent effacer de l’eſprit de ces innocens les traces profondes que l’éducation y a gravées ; parce que ceux-ci ne veulent être ni des lâches, ni des hypocrites, ni des infâmes ; parce qu’ils aiment mieux obéir à leur Dieu qu’à toi, il faut que tu les ſpolies, que tu les enchaînes, que tu les brûles, que tu les pendes ; que tu traînes leurs cadavres ſur une claie. Lorſque tu retires d’eux la protection, parce qu’ils ne penſent pas comme toi ; pourquoi ne retirent-ils pas de