Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/236

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ſiane, & tirer de cette poſſeſſion tout ce qu’il lui en falloit pour ſa conſommation. Ainſi le penſoit & l’eſpéroit le gouvernement, quand il fît arracher cette plante en France. Convaincu que les terres de ſes provinces étoient propres à des cultures plus riches & plus importantes, il crut ſervir à la fois la métropole & la colonie, en aſſurant à cet établiſſement naiſſant le débouché de la production, qui demandoit le moins d’avance, le moins de tems & le moins d’expérience. Le diſcrédit où tomba Law, auteur du projet, fit tomber dans l’oubli cette vue dont les avantages étoient ſi ſenſibles avec celles qui n’avoient pour baſe qu’une imagination déréglée. L’aveuglement du miniſtère fut perpétué par les intérêts particuliers des agens du fiſc, & ce n’eſt pas un des moindres maux que la finance ait faits à la monarchie.

Les richeſſes que le tabac eût fait entrer dans la colonie, lui auroient ouvert les yeux ſur l’utilité des vaſtes & belles prairies dont elle eſt remplie. Bientôt, elles ſe fuſſent couvertes de nombreux troupeaux, dont les cuirs auroient diſpensé la métropole d’en