Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/252

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cinq bâtimens de tranſport ; & le 25 juillet 1769, il fit voir ſon pavillon à l’embouchure du Miſſiſſipi.

À cette nouvelle, tous les cœurs ſe livrent à une rage inexprimable, contre une patrie qui ſacrifie librement une colonie affectionnée, contre une puiſſance qui prétend régner ſur un peuple qui repouſſe ſon joug inhumain. On ſe diſpoſe à empêcher le débarquement des troupes & à brûler les navires qui les portent. Rien n’étoit plus facile, s’il en faut croire, ceux qui ont bien connu la diſpoſition des lieux. Les ſuites de cette réſolution hardie n’étoient pas auſſi dangereuſes qu’elles le pourroient paroître au premier coup-d’œil. Les habitans de la Louyſiane pouvoient eſpérer de former une république indépendante. Si l’Eſpagne & la France les attaquoient avec de trop grandes forces, ils ſe mettoient ſous la protection de l’Angleterre ; & ſi enfin la Grande-Bretagne ſe trouvoit dans une poſition qui ne lui permît pas de leur accorder ſon appui, il leur reſtoit pour dernière reſſource de paſſer ſur la rive orientale du fleuve, avec leurs eſclaves, leurs troupeaux & leur mobilier.