Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/253

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On étoit dans l’attente d’événemens terribles, lorſque les promeſſes du général Eſpagnol ; les ſupplications d’Aubry, ce foible commandant François, dont l’imbécilité avoit tout perdu ; les diſcours pleins de véhémence d’un magiſtrat éloquent, calmèrent la fermentation. Perſonne ne s’oppoſa à la marche de la petite flotte, qui arriva devant la Nouvelle-Orléans le 17 août. Le lendemain, tous les citoyens furent déchargés de l’obéiſſance qu’ils devoient à leur première patrie. On prit poſſeſſion de la colonie au nom de ſon nouveau maître ; & les jours ſuivans, ceux des habitans qui conſentoient à porter le joug de la Caſtille, prêtèrent leur ſerment.

Tout étoit conſommé, tout, excepté les vengeances. On vouloit des victimes. Il en fut choiſi douze dans ce que le militaire, la magiſtrature & le commerce avoient de plus diſtingué. Six de ces hommes généreux payèrent de leur tête la conſidération dont ils jouiſſoient. Les autres, plus infortunés peut-être, allèrent languir dans les cachots de la Havane ; & le miniſtère Eſpagnol avoit ordonné cette horrible tragédie ! & le mi-