Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étoit précieuſe ; dix ou douze vaches qui leur donnoient du lait ; cinq ou ſix bœufs conſacrés au labourage. Tous ces animaux étoient petits, mais, d’une chair exquiſe. Ils faiſoient portion d’une aiſance inconnue, en Europe, aux gens de la campagne.

Cette eſpèce d’opulence permettoit aux colons d’avoir un aſſez grand nombre de chevaux qui n’étoient pas beaux, mais durs à la fatigue, & propres à faire ſur la neige des courſes prodigieuſes. Auſſi ſe plaiſoit-on à les multiplier dans la colonie, & pouſſoit-on ce goût juſqu’à leur prodiguer pendant l’hiver des grains que les hommes regrettoient quelquefois en d’autres ſaiſons.

Telle étoit la poſition des quatre-vingt-trois mille François diſpersés ou réunis ſur les rives du fleuve Saint-Laurent. Au-deſſus de ſa ſource & dans les contrées connues ſous le nom de pays d’en haut, on en voyoit huit mille plus communément adonnés à la chaſſe & au commerce, qu’à l’agriculture.

Leur premier établiſſement étoit Cataracoui ou le fort de Frontenac, bâti en 1671 à l’entrée du lac Ontario, pour arrêter les incurſions des Anglois & des Iroquois. La baie