Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nombreuſes d’une religion qui s’eſt étendue par les fêtes même, empêchoient la naiſſance, interrompoient le cours de l’induſtrie. Il eſt ſi facile, ſi naturel d’être dévot, quand c’eſt pour ne rien faire ! Enfin la paſſion des armes qu’on avoit excitée à deſſein parmi ces hommes courageux & fiers, achevoit de les dégoûter des travaux champêtres. Uniquement épris de la gloire militaire, ils n’aimoient rien tant que la guerre, quoiqu’ils la fiſſent ſans paie.

Les habitans des villes, ſur-tout de la capitale, paſſoient l’hiver comme l’été, dans une diſſipation générale & continuelle. On ne leur trouvoit aucune ſenſibilité pour le ſpectacle de la nature, ni pour les plaiſirs de l’imagination ; nul goût pour les ſciences, pour les arts, pour la lecture, pour l’inſtruction. L’amuſement étoit l’unique paſſion ; & la danſe faiſoit dans les aſſemblées, les délices de tous les âges. Ce genre de vie donnoit le plus grand empire aux femmes qui avoient tous les appas, excepté ces douces émotions de l’âme, qui ſeules font le prix & le charme de la beauté. Vives, gaies, coquettes & galantes, elles étoient plus heureuſes d’inſpirer