Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/269

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noient durant l’hiver que des momens au ſoin de leurs troupeaux, & à quelques autres occupations indiſpenſables. Le reſte du tems étoit conſumé dans l’inaction, au cabaret, ou à courir ſur la neige avec des traîneaux, comme les citoyens les plus diſtingués. Quand le printems les appeloit au travail indiſpenſable des terres, ils labouroient ſuperficiellement ſans engrais, enſemençoient ſans ſoin, & rentroient dans leur profond loiſir, en attendant la ſaiſon de la maturité. Dans un pays où les habitans étoient trop glorieux ou trop indolens pour s’engager à la journée, chaque famille étoit réduite à faire elle-même ſa récolte ; & l’on ne voyoit point cette vive allégreſſe, qui dans les beaux jours de l’été, anime des moiſſonneurs réunis pour dépouiller enſemble de vaſtes guérets.

D’où venoit cet excès de négligence ou de pareſſe ? De pluſieurs cauſes. Le froid exceſſif des hivers qui ſuſpendoit le cours des fleuves, enchaînoit toute l’activité des hommes. L’habitude du repos, qui, durant huit mois, étoit comme la ſuite d’une ſaiſon ſi rigoureuſe, rendoit le travail inſupportable, même dans les beaux jours. Les fêtes