Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/279

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ſoient ceux qui venoient ſucceſſivement s’y établir, n’y séjournoit pas long-tems ; parce que les beſoins de la colonie l’en faiſoient promptement ſortir. C’étoit un inconvénient qui ralentiſſoit le commerce, & retardoit les progrès de l’agriculture. La cour de Verſailles fit fabriquer, en 1670, pour tous les établiſſemens d’Amérique, une monnoie à laquelle on donna un coin particulier, & une valeur idéale, d’un quart plus forte que celle des eſpèces qui circuloient dans la métropole. Mais cet expédient ne procura pas l’avantage qu’on s’en étoit promis, du moins pour la Nouvelle-France. On jugea donc convenable, vers la fin du ſiècle dernier, de ſubſtituer en Canada le papier aux métaux, pour le paiement des troupes, & pour les autres dépenſes du gouvernement. Cette invention réuſſit juſqu’en 1713, où l’on ceſſa d’être fidèle aux engagemens contractés par les adminiſtrateurs de la colonie. Les lettres-de-change qu’ils tiroient ſur le fiſc de la métropole, ne furent pas acquittées ; & dès-lors tombèrent dans l’aviliſſement. On les liquida en 1720, mais avec perte de cinq huitièmes.