Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/280

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Cet événement fit reprendre au Canada l’uſage de l’argent, qui ne dura qu’environ deux ans. Les négocians, tous ceux des colons qui avoient des remiſes à faire en France, trouvoient embarraſſant, coûteux & dangereux d’y envoyer des eſpèces ; & ils furent les premiers à ſolliciter le rétabliſſement du papier-monnoie. On fabriqua des cartes qui portoient l’empreinte des armes de France & de Navarre, & qui étoient ſignées par le gouverneur, l’intendant & le contrôleur. Il y en avoit de vingt-quatre, de douze, de ſix, de trois livres ; & de trente, de quinze, de ſept ſols ſix deniers. Leurs valeurs réunies, ne s’élevoient pas au-deſſus d’un million. Lorſque cette ſomme ne ſuffiſoit pas pour les beſoins publics, on y ſuppléoit par des ordonnances ſignées du ſeul intendant, première faute ; & non limitée pour le nombre, abus encore plus criant. Les moindres étoient de vingt ſols, & les plus conſidérables de cent livres. Ces différens papiers circuloient dans la colonie ; ils y rempliſſoient les fonctions de l’argent juſqu’au mois d’octobre. C’étoit la ſaiſon la plus reculée, où les vaiſſeaux duſſent partir