Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/288

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aux neiges de l’hiver, aux pluies du printems & de l’automne. De-là traînés dans les chantiers, ils y eſſuyoient encore pendant deux ou trois ans l’inclémence de toutes les ſaiſons. La négligence ou la mauvaiſe foi multiplioient les frais au point qu’on tiroit d’Europe les voiles, les cordages, le brai, le goudron, pour un pays qui, avec quelques ſoins & du travail, pouvoit approviſionner la France entière de toutes ces matières. Une adminiſtration ſi vicieuſe avoit totalement décrié le bois du Canada, & anéanti les reſſources que cette contrée offroit à la marine.

La colonie préſentoît aux manufactures de la métropole, une branche d’induſtrie preſque excluſive. C’étoit la préparation du caſtor. Cette marchandiſe tomba d’abord ſous le joug & dans les entraves du monopole. La compagnie des Indes fit, & ne pouvoit que faire, un uſage pernicieux de ſon privilège. Ce qu’elle achetoit des ſauvages ſe payoit ſur-tout avec des écarlatines d’Angleterre, étoffes de laine, dont ces peuples aimoient à s’habiller & à ſe parer. Mais comme ils trouvoient dans les établiſſemens