Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/287

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noient, étoient des chênes d’une hauteur prodigieuſe, & des pins de toutes les grandeurs. L’extraction de ces bois étoit facile par le fleuve Saint-Laurent, & par les innombrables rivières qui s’y jettent. On ne ſait par quelle fatalité tant de richeſſes furent long-tems négligées ou méprisées. La cour de Verſailles ouvrit enfin les yeux. Par ſes ordres s’élevèrent enfin à Québec des ateliers, pour la conſtruction des vaiſſeaux de guerre. Malheureuſement elle plaça ſa confiance dans des agens qui n’avoient que leurs intérêts particuliers en vue.

Il falloit couper des bois ſur les hauteurs où le froid & l’air rendent les arbres plus durs en reſſerrant leurs fibres ; on les prit conſtamment dans les marais & ſur le bord des rivières, où l’humidité leur donne un tiſſu gras & lâche. Au lieu de les tranſporter dans des barques, on les faiſoit flotter ſur des radeaux juſqu’à l’endroit de leur deſtination, où ils étoient oubliés & laiſſés dans l’eau : ils y contractoient une moiſiſſure, une eſpèce de mouſſe qui les échauffoit. Il eût fallu les recevoir à terre ſous des hangards ; ils reſtoient exposés au ſoleil de l’été,